Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Valeurs De Droite - Blog économique
10 octobre 2012

Piste n°2 pour sauver l'euro: le projet d'un euro coupé en deux

Une zone monétaire autour de l'Allemagne et une autre réunissant les Etats en crise pourraient éviter l'appauvrissement des pays du Sud. Et la France aurait une chance d'y trouver son compte.

zone euro

DOUBLE EURO - "L'euro-sud" apporterait une bouffée d'oxygène aux pays de la zone latine, étranglés par la crise (ici, manifestation à Athènes).

 

J'aime tellement l'euro que je préférerais en avoir deux ! Quelques économistes français et allemands pourraient paraphraser ainsi la célèbre boutade de François Mauriac - "J'aime tellement l'Allemagne que je suis heureux qu'il y en ait deux". Face à la crise de la zone euro, ces experts ne veulent en effet rien de moins que... la partager entre, d'un côté, un euro-nord centré autour de l'Allemagne, et, de l'autre, un euro-sud rassemblant les pays en crise. Une idée, on va le voir, moins farfelue qu'elle en a l'air.

Son premier défenseur en France s'appelle Christian Saint-Etienne : il est notamment membre du Conseil d'analyse économique et professeur au Conservatoire national des arts et métiers. "L'idéal serait d'aller vers le fédéralisme. Si on n'y parvient pas, créer deux zones monétaires permettra d'éviter la désindustrialisation et l'appauvrissement sans fin des pays du Sud, et, en bout de course, le retour aux monnaies nationales", affirme cet Européen convaincu. Outre-Rhin, c'est Hans-Olaf Henkel, l'ancien président du patronat allemand, qui, avec quelques autres économistes, porte ce flambeau : "J'ai été l'un des plus fervents défenseurs de l'euro, ce fut ma plus grande erreur", lance-t-il, tel un amoureux déçu et revanchard.

zone euro2 REUTERS/John Schults

L'Allemand dénonce les promesses non tenues, les tensions entre les peuples, le coût énorme du sauvetage de pays irresponsables et, in fine, "une monnaie qui devait aller à tout le monde mais qui ne convient plus à personne". Christian Saint-Etienne, lui, constate qu'"il existe déjà deux zones euro". L'une, productive, exportatrice, excédentaire, rassemble les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique et la Finlande. L'autre est engluée dans les difficultés et les déficits. Les fourmis refusant de secourir les cigales, il reste à "acter la séparation des deux familles d'insectes de la fable européenne", conclut-il dans son livre, Le Joker européen (Odile Jacob).

Ce divorce à l'amiable verrait la France, en plein marasme industriel, rester dans l'euro avec les mauvais élèves, tandis que l'Allemagne et ses meilleurs amis diraient Auf Wiedersehen à la monnaie unique. Un coup dur pour notre ego, mais le seul moyen de sauver ce qu'il reste des usines françaises. "Aujourd'hui, les produits industriels constituent 80 % des exportations mondiales. Donc, sans industrie, pas d'exports, et pas d'espoir de corriger le déficit extérieur des pays du Sud", relève Christian Saint-Etienne. Ce déséquilibre étant au coeur de la crise, il est impératif de les aider à le réduire, donc à regagner en compétitivité.

Des solutions futées... mais insuffisantes

Les eurobonds soulageraient les Etats en difficulté en réduisant les taux d'intérêt auxquels ils refinancent leurs dettes. Mais les questions du manque de compétitivité des pays du Sud et du déséquilibre de la zone resteraient entières.

Les fonds structurels, mobilisés à hauteur de 60 milliards d'euros, et autant de prêts consentis par la Banque européenne d'investissement : le volet croissance arraché par la France lors de la négociation sur le pacte budgétaire est faible au regard des enjeux.

En France, le taux de chômage reviendrait à 7 %

Moins douloureux qu'une déflation des salaires, le "double euro" aboutirait à ce résultat. L'euro-nord s'apprécierait d'au moins 20 % par rapport à l'euro-sud. Car selon Christian Saint-Etienne, au moment de la séparation, les pays du Nord représenteraient 39 % de la population, mais 45 % du PIB de la zone euro ! Cette réévaluation apporterait une bouffée d'oxygène aux pays en crise de la zone latine. Leurs coûts baisseraient par rapport à ceux des "nordistes", et leurs exportations redémarreraient. Mieux, la valeur de leur dette n'exploserait pas, car elle serait toujours due en euros. Et cette réévaluation ne poserait pas de problème à l'Allemagne : "Nous savons vivre avec une monnaie forte. Le prix de nos importations baisserait, relativisant ainsi le renchérissement de nos exportations", fanfaronne Hans-Olaf Henkel.

La France pourrait sortir gagnante de ces bouleversements. Selon les calculs réalisés par la Société générale pour L'Expansion en janvier 2011, un tel scénario verrait le chômage revenir à 7 % et les exportations bondir d'environ 30 % en deux ans. Surtout, l'Hexagone pourrait prendre le leadership de la zone Sud et imposer à ses partenaires une forme de fédéralisme. "Pour que les mêmes errements ne se reproduisent pas, il faudra créer un budget de la zone, avec une forme de redistribution entre les Etats et une coordination fiscale et sociale", plaide Christian Saint-Etienne. Cerise sur le gâteau, l'axe franco-allemand serait renforcé, car une coordination forte entre les deux zones serait nécessaire...

 

source : l'expansion

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Valeurs De Droite - Blog économique
  • Ce blog sert à la promotion des valeurs de droite : Respect, Travail, Laïcité, Patrie, Fraternité, Egalité et Liberté. Il est la partie dédiée à l'économie, l'écologie et à la finance du blog généraliste : Valeurs de Droite.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité